En 1958, du haut d'un fortin, un chasseur alpin veille sur une mechta des monts du Hodna. 70% de l'armée française d'Algérie est bloquée dans 5000 postes isolés. Ce « quadrillage » vise à contrôler et rassurer les populations, à les dissuader de basculer du côté de la rébellion. Pour les appelés, ce sont des journées interminables, marquées par la soif, la chaleur et l'ennui, suivies de nuits angoissantes où l'on risque parfois une sortie pour prendre le pouls du secteur.

À la solidarité due à une expérience exceptionnelle commune, les appelés d'Algérie en ajoutent une seconde : la solidarité de la jeunesse, d'ailleurs renforcée en cette période yé-yé . C'est en effet le premier conflit où les unités sont composées à 90% d'hommes de la même classe d'âge. Dans les unités de parachutistes, l'esprit de camaraderie s'est élevé à la hauteur d'une vraie mystique, entretenue encore aujourd'hui par de puissantes amicales d'anciens.

La bière fut-elle à l'Algérie ce que le pinard fut à Verdun : le soutien du moral? Il semble que l'alcoolisation fut plutôt, comme un 1940, un révélateur du doute sur le sens du conflit. Le tabac, distribué à raison de 8 paquets de « troupe » par quinzaine, est consommé à haute dose par une majorité d'appelés.